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Claude Pateau

La louange dans l'Eglise : le chant grégorien.

Extrait d'un article du journal L'Homme Nouveau, propos de Claude Pateau, directeur de la Schola Saint Grégoire, recueillis par Pierre Benoît.


Apprendre le chant grégorien, est-ce si simple ?

Chanter et prier sont deux activités très simples. Le chant est spontané à la nature humaine et la prière est la respiration de l’âme. L’apprentissage du chant grégorien, prière chantée de l’Église, ne devrait donc poser aucun problème. D’ailleurs les enfants l’apprennent très facilement. L’Église possède un chant qui est fait pour convenir à tous. Il contient en lui-même et sous une forme achevée toutes les nuances de la prière chrétienne. Il prend les âmes là où elles sont, et il est particulièrement apte à les emporter jusqu’aux sommets de la contemplation et de la perfection. C’est là le secret du chant d’Église. Apprendre le chant grégorien nécessite seulement un grand désir d’avancer plus en profondeur dans le mystère de l’Église. C’est ce désir spirituel qui motive les âmes à se perfectionner dans la pratique du chant sacré et à passer par les différents stades d’une formation riche et féconde.


Qu’est-ce qui distingue le chant grégorien du reste de la musique sacrée ?

Le magistère de l’Église, lorsqu’il met en avant le chant grégorien comme référence idéale en matière de musique sacrée, souligne plus particulièrement trois qualités qui lui conviennent au plus haut point : la beauté, l’universalité et le caractère sacré. Le chant grégorien, selon ces trois critères, représente dans l’Église la musique sacrée par excellence. Les autres formes de musique sacrée, en particulier la polyphonie, ne sont pas pour autant négligées. Mais l’Église affiche toujours une prédilection certaine pour ce chant pauvre en apparence qui laisse passer dans son texte et sa musicalité toute la richesse du mystère du salut. Art antique, il s’adresse à l’âme plutôt qu’aux sens, il ne se situe pas au niveau du ressenti mais il invite toujours au dépassement qui est celui de l’admiration et de la louange oublieuse d’elle-même.


Et d’abord qu’est-ce que le chant grégorien exactement ?

Le concile Vatican II le définit, d’un point de vue pastoral, comme le chant propre de la liturgie romaine. Du point de vue historique, le chant grégorien, chant latin, résulte plus immédiatement de la fusion d’un vieux chant dit romain et du chant dit gallican (pratiqué en Gaule, plus précisément dans le nord-est de la France actuelle). Enfin, au plan musical, sa caractéristique la plus apparente est d’être un chant monodique et non polyphonique. L’oreille moderne est tellement habituée à l’harmonisation de diverses voix ou instruments que cette simplicité du grégorien en fait une réalité sonore assez originale.


N’a-t-il pas disparu après le concile Vatican II ?

La tempête qui a soufflé dans ces années difficiles n’a pas épargné la liturgie, et le chant grégorien en a été l’une des principales victimes. Il a très rapidement disparu du sanctuaire pour ne plus rester à l’honneur que dans quelques monastères bénédictins. Puis il est revenu sur le devant de la scène, mais hors de son contexte et plutôt dans les milieux universitaires où il suscite un véritable intérêt. On se trouve ainsi dans une situation paradoxale où l’on voit un bien d’Église qui est promu par des musicologues alors qu’il demeure encore largement boudé dans les célébrations liturgiques. On voit poindre néanmoins, ici et là, l’aurore d’un renouveau pour ce trésor inestimable.


Est-il adapté à la vie de paroisse alors que plus personne ne connaît et ne pratique le latin ?

Ne pourrait-on pas renverser la question et se demander si nos paroisses sont bien adaptées au chant propre de la liturgie romaine, et sinon pourquoi ? Le chant grégorien fait partie intégrante de la liturgie romaine, il n’en est pas séparable, à la différence des autres répertoires de musique sacrée. Se demander si le chant grégorien est adapté à la vie de paroisse revient donc à se demander si la liturgie est encore utile au peuple de Dieu. Il y a là un renversement de perspective. Le primat du subjectivisme nous a fait prendre l’habitude de penser la liturgie en termes de créativité et non en termes de fidélité (ce qui ne veut pas dire rigidité). Le Saint-Père insiste beaucoup pour changer les mentalités sur ce point. Quant au latin, il connaît un certain renouveau dont témoigne notamment la liturgie papale (la liturgie de la messe de béatification de Jean-Paul II fut entièrement célébrée en latin).


Le chant grégorien est-il adapté aux deux formes du rite romain ?

Trop souvent on associe à tort le chant grégorien et le latin à la forme extraordinaire du rite romain. Or le même répertoire vaut tout autant pour la forme ordinaire. Par là, on conçoit que le chant grégorien puisse être un pont non négligeable entre les deux formes. Il est important que des chorales grégoriennes se créent dans les églises cathédrales et paroissiales. L’habitude du chant grégorien devrait aider les fidèles des deux formes à se rapprocher sans avoir peur les uns des autres.







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