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Mathias Théry

Lux Amoris, des jeunes qui aiment et font aimer la musique sacrée

Dernière mise à jour : 17 mars 2021


Quelle mission porte le chœur que vous dirigez ?

Nous avons deux missions : la première est la promotion du chant sacré dans son cadre liturgique, la deuxième est la formation des chantres, musiciens et chefs de chœur.

Pourquoi avez-vous choisi de chanter du grégorien ?

D’abord, l’Église le demande dans tous les textes concernant le chant liturgique, notamment ceux du Concile Vatican II, où l’on nous rappelle que le grégorien est le chant propre de l’Église, et doit y occuper la première place. De plus, les bienfaits spirituels et humains du grégorien répondent à de grandes problématiques de la liturgie actuelle : il parle à l’intelligence sans négliger la sensibilité, touchée par la beauté qui s’en dégage. On apprend à l’aimer en le chantant, tous les moines le pratiquant quotidiennement nous le diront. Il nous apprend à prier selon le rythme et la tonalité voulus par l’Église. La sacralité de ce chant apporte aujourd’hui à la liturgie par le latin, la modalité et l’aspect monodique qui manifestent la présence de Dieu sur l’autel. Enfin, le chant grégorien pousse à l’intériorité, à la méditation de la parole de Dieu. Un moine bénédictin me disait : « Le grégorien nous donne la parole de Dieu, selon le rythme adapté pour la méditer ». En effet, lorsqu’on chante les psaumes, dans le propre de la messe notamment, le temps est dilaté pour nous permettre de les intérioriser.

Comment formez-vous les chanteurs à chanter la liturgie ?

Il y a d’abord la formation théorique : ceux qui le souhaitent peuvent suivre des cours de solfège, de chant ou de direction de chœur et tous travaillent les éléments techniques du grégorien et de la musique polyphonique. Il y a également la formation par l’expérience : faire chanter par petits groupes en demandant à l’un de diriger quand il y a des messes à chanter ou bâtir le programme ensemble permet d’apprendre à construire quelque chose de cohérent, adapté au temps et au lieu. En étant exigeants musicalement, nous demandons aux choristes de chanter avec finesse et d’aller le plus loin possible dans les techniques musicales et l’expression artistique. Nous nous caractérisons par cette exigence.

Parvenez-vous à voir les fruits de votre travail ?

Absolument. Après deux années, nous observons un net progrès pour déchiffrer les partitions ou diriger, mais plus particulièrement dans le grégorien que la majorité ne connaissait pas en arrivant dans le chœur. Pour l’année prochaine, nous mettons en place trois équipes, chacune dirigée par deux chefs de chœur : un homme et une femme. Aujourd’hui, suffisamment de membres sont capables de prendre en charge un petit groupe de chanteurs pour le faire travailler.



La spiritualité a-t-elle une place aussi importante que la musique à « Lux Amoris » ?

Elle est même première ! La musique n’est pas une fin, notre fin est la prière et, ultimement, le Bon Dieu lui-même. Par la liturgie, nous travaillons à nos deux missions : la gloire de Dieu et le salut des âmes, à la fois porter les hommes à Dieu, et porter Dieu aux hommes. Ainsi, séparer la prière de la musique est inimaginable. Si nous ne nous ancrons pas dans une vraie charité, dans une vraie vie de prière et dans une vraie vie de communauté, ceux qui nous écoutent ne pourront pas être touchés par la présence de Dieu. Le travail musical est porté par la charité des membres du chœur les uns envers les autres et donc du chœur vers l’extérieur, car on ne peut rayonner si la spiritualité n’est vécue ensemble, de l’intérieur.

D’où est né le projet de monter ce chœur ?

J’ai dirigé la chorale d’une messe d’étudiant à Paris durant trois ans. Avec les choristes les plus motivés, nous avions acquis un bon niveau, et forts de cette expérience, nous réfléchissions pour donner une dimension plus ecclésiale à ce travail réalisé, et en faire profiter un public plus large. Mon premier constat fut de voir la possibilité d’emmener loin des choristes sans formation, simplement en étant exigeant avec eux, en les motivant et grâce à la foi. Le second constat était les conditions faciles de notre travail : à Paris, avec des étudiants plus ou moins musiciens. Le problème du niveau musical des paroisses vient souvent d’un manque de compétences et de travail. Ainsi est née l’idée de former des choristes, de monter un chœur. Les étudiants profitent du temps de leurs études pour se former deux, trois, quatre ans ; et arrivant mariés ou en tout cas plus installés dans une paroisse où ils pourront s’engager, ils pourront mettre à contribution leurs compétences et leur esprit. Tous ceux qui sortent de chez nous ne seront pas chef de chœur, mais seront déjà des choristes solides et surtout des connaisseurs et amoureux de la liturgie.

Pour aider à prier, l’esthétisme ne suffit pas, la vraie charité est nécessaire : adapter les chants aux fidèles présents, toutefois sans jamais faire le compromis de la médiocrité, et en même temps, leur montrer par la beauté et la sacralité du chant, une petite part du Bon Dieu, si la grâce nous en est faite…

Quels projets avez-vous réalisés dernièrement, et ceux que vous portez pour les mois à venir ?

Il y a quelques jours, nous avons consacré le « Chœur Lux Amoris » à la Vierge Marie. Désormais c’est elle qui portera l’offrande de nos chants et nos âmes à son Fils. Pour ce qui est de l’avenir, le programme de l’année prochaine est encore en chantier mais nous organisons une route d’été pour la deuxième fois, dans le Morbihan cette année, du 2 au 14 août. La route d’été permet de vivre « Lux Amoris » différemment, avec le matin de la marche, pour le côté amitié et dépassement de soi, et l’après-midi des répétitions, pour le travail musical, formation et messe. De petites veillées de prière quotidiennes ponctuent la marche dans les villages où l’on passera : nous chanterons les complies et inviterons les habitants à venir prier. L’objectif de la route est d’obtenir un chœur où tous se connaissent, avec un répertoire travaillé, pour chanter une grande veillée de prière sur le thème : « Marie, mère de l’Église ». Les inscriptions de la route sont ouvertes.

Avez-vous un saint patron, une phrase qui vous soutient dans votre mission ?

Notre saint patron est saint Augustin qui nous dit : « Chanter, c’est prier deux fois. » et « Si tu veux savoir ce que nous croyons, viens voir ce que nous chantons ». Mais le plus important est notre devise « In toto corde nostro » (de tout notre cœur).


Propos recueillis par Marthe Bassot pour le journal "L'Homme Nouveau", publié le 2 juillet 2020.


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